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3 décembre 2014 3 03 /12 /décembre /2014 00:49

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Quelques constats.

 

Tout le monde n’aime pas les huîtes.

Tout le monde n’aime pas les gâteaux au chocolat.

Tout le monde n’aime pas le foot. Tout le monde n’aime pas nager.

Tout le monde n’aime pas le ski.

Tout le monde n’aime pas la campagne.

Tout le monde n’aime pas le fromage.

Tout le monde n’aime pas le vin.

Tout le monde n’aime pas le jazz.

Tout le monde n’aime pas la ville.

Tout le monde n’aime pas les jeux video.

Tout le monde n’aime pas danser.

Tout le monde n’aime pas Picasso.

Tout le monde n’aime pas conduire.

Tout le monde n’aime pas les maths

Tout le monde n’aime pas les jeux de carte.

Tout le monde n’aime pas la musique classique.

 

Est-ce que c’est grave ?

 

Un autre constat.

Les arts savants sont difficiles à apprendre pour la majorité d’entre nous.

Les arts savants peuvent être très séduisants à regarder ou à écouter sans pour autant être pratiqués.

Les arts savants sont rarement satisfaisants à pratiquer sans un certain degré de connaissance.

Les arts savants sont très souvent très pénibles à écouter lorsqu’ils sont pratiqués par des gens qui n’en ont pas une connaissance suffisante.

 

Je rêve d’une école de musique ouverte à tous. Ceux qui voudraient y apprendre les musiques savantes seraient tenus d’y investir le temps et l’énergie qu’elles requièrent. Ceux qui voudraient y pratiquer un partage sonore  une fois par semaine comme on se détend en jouant à la balle au prisonnier pourraient y être encadré par des animateurs.

 

Ceux qui souhaiteraient profiter à plein de l’apprentissage des musiques savantes auraient accès à un cours individuel d’instrument, au cours duquel le professeur s’adapte totalement à l’élève, l’écoute, aussi bien dans ce qu’il a à jouer que dans ce qu’il a à dire (ça coûte moins cher qu’un psy), le regarde, sans inquiétude mais pas sans attention, se consacre à lui et lui transmet ce qu’il a de plus cher. Il aurait accès, dans la mesure de la taille des classes, à un cours collectif autour de l’instrument qu’il apprendrait, afin de pouvoir travailler la technique et la musique dans un esprit ludique, à la fois d’émutation et avec la desinhibition qu’induit la collectivité bien gérée. Il aurait accès à un cours de solfège au cours duquel il apprendrait un langage commun qui permet de jouer ensemble. Il aurait accès enfin à un « atelier » de musique d’ensemble au cours duquel il rencontrerait les autres instrumentistes et monterait des projets musicaux donnant un sens immédiat à un apprentissage exigeant.

 

Bien-sûr, les parents qui souhaiteraient que leurs enfants aient accès aux musiques savantes seraient d’accords pour que leurs enfants passent environ 4 heures par semaine à l’école de musique (parce que, bien-sûr, les enfants aussi, seraient d’accord), comme ils seraient attentifs à ce que leurs enfants s’entraînent régulièrement à la maison, comme ils sont souvent attentifs à ce qu’ils fassent en sorte de s’approprier les savoirs scolaires qu’ils croient nécessaire à leur développement intellectuel et cognitif.

 

Bien-sûr, les collectivités seraient d’accord pour investir dans toutes ces facettes de l’apprentissage des musiques savantes.

 

Et ceux qui n’aiment pas les huîtres, ou les ris de veau, ou les tripes, ou les asperges, ou le sashimi, ou les cuisses de grenouilles à la sauce saté, ou le vacherin, ou la crème au beurre, ne seraient pas obligés d’en manger une fois par semaine jusqu’à ce qu’ils aiment ça ou en soient définitivement écoeurés…

 

Et moi, je pourrais continuer d’enseigner ce que j’aime et ce que je sais faire : de la musique savante, un monde illimité, une perfection magiquement inatteignable, une forêts immense pleine de chemins plus ou moins visibles, moi, je pourrais continuer à transmettre mon irrépressible amour de la vie, de l’expression sonore, de l’extraordinaire génie de nos mains, de nos doigts, des mystères insondables de notre cerveau. De temps en temps, il y aurait un élève qui aurait envie d’en vivre aussi. Chaque année, il y aurait un parent qui frémirait d’émotion en écoutant son enfant, et ça ajouterait du sens à notre vie.

 

Mais bon… c’est un rêve.

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